Du lac léman à la Méditerranée. Le Rhône en kayak de mer

mercredi 6 août 2014

smile Bonjour à tous. J'arrive presque au terme du récit de mon périple sur le Rhône. En attendant d'autres aventures et d'autres récits ...






Dès le début de ce jour nouveau, la Drôme Provençale me gratifia de ses plus beaux atours et l'ambiance matinale fut à la légèreté, aussi suave et douce que l'essence de karité.


D'une part je fus définitivement débarrassé de cette barrière invisible que j'avais moi-même subconsciemment installée en travers de mon esprit. Vade retro Valentia, spectre déchu. Désormais plus aucun obstacle ne me sembla pouvoir empêcher l'accomplissement de mon destin. Bien que ce fut prématuré, je vous le concède, je sentis le vent enivrant de la réussite gonflé mon cœur orgueilleux, soufflant sur chacun de mes pores, frôlant mon épiderme dressé par l'idée d'un proche succès.


D'autre part, plus j'avançais vers mon but ultime, plus mon fidèle Ysak maigrissait, la quantité des victuailles diminuant avec la fréquence des repas. Comme moi, il perdait du poids au fur et à mesure des efforts consentis sur le fleuve. L'expédition permit donc, à l'un et à l'autre, de perdre quelques kilogrammes, en ce qui me concerne superflus, je l'avoue, qui auraient mis plus de temps à disparaître par un moyen plus classique comme par exemple les sempiternelles séries d'abdominaux étroitement associées à un régime stricte hyperprotéiné. Cependant s'il fallait faire plusieurs kilomètres en kayak pour perdre des kilogrammes, au point d'élever cette façon de maigrir à l'état de Dogme, nos cours d'eau, nos lacs, notre beau littoral seraient envahis par nombre de bigotes bedaines ventripotentes et autres goitres dévots, tous aussi flottant les uns que les autres, pagayant dans la valse infernale du chaos diététique.


Bref. Evoluant tantôt dans un très large canal, aux perspectives accentuées par de longues lignes droites interminables, tantôt sur un Rhône à la Naturalité retrouvée, je descendis inexorablement au rythme de l'eau, profitant pleinement de mon environnement, de chaque instant que le fleuve m'offrait. M'imprégnant de tout ce que je vis, de tout ce que je sentis et entendis. Me goinfrant de sensations à m'en faire éclater la poitrine.


Un arrêt sur une plage dégagée présentant encore les stigmates d'une crue toute récente, me permis de contempler par-delà l'admirable Pont du Saint-Esprit aux arches aussi nombreuses que centenaires, la cité éponyme au riche passé médiéval, trônant en ce point stratégique, aux confins de la Provence et du Languedoc. Les galets étaient encore chargés de senteurs vaseuses, pris dans une enveloppe de boue grise et sèche. Ici se mêlèrent certainement les eaux chargées de l'Ardèche toute proche à celles de son aîné rhodanien, en une communion destructrice et fusionnelle.


Toujours accompagné d'une sensation de grande liberté, de sérénité totale et intense, je poursuivis mon périple naviguant au milieu des arbustes sortant peu à peu de la torpeur fluviale, se libérant de leur étreinte boueuse, dévoilant les plages dont je recommençai à deviner la beauté, dans une douce mélodie, régulière et reposante.


Culminant à plus de 1900 mètres d'altitude, dominant majestueusement les plaines avoisinantes, le Mont Chauve s’élevait tel un fanal éternel, guidant de sa vive lueur, le cœur des pèlerins en quête d'eux-mêmes. C'est au pied de ce Mont venteux ou Montagne qui se voit de loin, les avis d'experts diverges, que je choisis d'installer mon bivouac, protégé par le bras séculaire de ce Géant de Provence.


Arrivé tôt sur la place je m'offris le luxe de prendre le temps pour installer mon campement. Les tâche sanitaires et ménagères préalablement effectuées, je m'adossai contre la coque du kayak, tourné vers le disque solaire rougeoyant qui déclinait progressivement derrière le Mont Ventoux, nous enveloppant, le Fleuve, la Montagne et votre humble serviteur, dans un drap de soie écarlate. Pour que perdure cet extraordinaire sentiment de communion qui monta en moi, j'installai le hamac sans y mettre le toit, entre deux jeunes pins sylvestres éloignés de leurs congénères résineux, afin de pouvoir admirer sans entrave le ciel parfaitement dégagé, s'animant peu à peu des 6 000 étoiles que l'oeil humain est capable de distinguer. Une intense sensation de n'être qu'Un parmi le Tout m'assaillit. Et c'est ainsi que du haut de mon charriot constellé d'étoiles, je contemplai ce petit terrien, voyageur solitaire lover dans son nid, bercé par la mélodie silencieuse de mes notes célestes.





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